Réduire les comportements problématiques à l\’aide de la nutrition

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Cet article est un compte-rendu de conférence de Dr Nancy O’Hara, pédiatre spécialisée en troubles neuro-développementaux d\’origine américaine (novembre 2016). Voir au-delà des comportements d’automutilation et d’agression chez les personnes présentant un trouble du spectre de l’autisme : quand devrions-nous envisager la présence de problèmes médicaux? Communication présentée par Autisme Montréal, Québec.

Comportements d’automutilation, agressivité, hyperactivité et anxiété: comment agir autrement qu\’avec la médication?

1. Tout d’abord, il faut comprendre la cause du comportement:

Douleur, frustration, besoin de s\’exprimer, incompréhension, et même épilepsie non décelée. Les causes peuvent être multiples, c’est pourquoi il faut adopter une approche globale avec les enfants. En effet, l’organisme de l’enfant joue un rôle important dans la production de ses comportements. C’est pourquoi la nutrition est la base, le support de toute intervention. Elle rend l’enfant disponible aux apprentissages.

Lorsque la cause est physiologique et implique de la douleur : Selon la Dre O’Hara, les aliments absorbés modifient l’équilibre de la flore intestinale de l’enfant. Cela a un effet sur le fonctionnement de son organisme, incluant son psychisme et donc ses comportements. Si un enfant a des fragilités génétiques au niveau de l’autisme, son environnement alimentaire peut donc encourager cette potentialité à s’exprimer : l’enfant va avoir tendance à se refermer, à être anxieux, hyperactif, agressif, et/ou d’autres symptômes autistiques. Prenons l’exemple de l’alcool : lorsque nous ingérons de l’alcool, lorsqu\’il pénètre dans nos intestins, cela influe directement sur notre cerveau : nous pouvons voir notre état mental et notre comportement altérés. Il en est de même pour tout ce que nous ingérons. Nous sommes ce que nous mangeons ! Il faut donc examiner la source du problème : « qu’est-ce qu’il manque ou est en trop chez mon enfant ? »

  • Problèmes intestinaux : Douleur, constipation, inflammation, prolifération microbienne : l’enfant a des gaz, des ballonnements ou/et des crampes. Sa réponse est alors une réponse de combat/fuite (évitement ou agressivité). Cela peut être lié à des intolérances alimentaires ou des problèmes de digestion. La cause: un aliment qui irrite sa flore intestinale : Gluten, caséine (produits laitiers), sucre, riz, aliments transformés, etc. Chaque enfant est différent, il peut avoir une intolérance particulière.
  • L’enfant a des carences nutritives : il lui manque de la vitamine D, de l’acide folique, du Fer, du Zinc, du Magnésium et/ou des acides gras essentiels. Ces nutriments agissent sur l’humeur, la capacité à éliminer, les fonctions cognitives, la sensibilité émotionnelle, la digestion, l’appétit, etc.

  

2. Quels sont les signes indiquant qu’il faut changer son alimentation ?

L’enfant a le ventre gonflé, bombé, des selles rares ou molles, se met dans des positions étranges, sur le ventre, se plie sur les meubles, met les mains dans sa culotte, a le sommeil perturbé, un appétit excessif ou insuffisant, est irrité, anxieux, agressif ou hyperactif de façon soudaine, sans raison apparente. D’autres symptômes comme les difficultés d’apprentissage, de langage et de communication peuvent être en lien avec l’alimentation.

3. Quelles solutions apporter pour favoriser le bien-être intestinal et le bon fonctionnement de l’enfant ?

Il faut toujours fournir des fibres à l’enfant (légumes vert, céréales complètes), des probiotiques (yahourts végétaux ou comprimés), beaucoup d’eau et de l\’exercice physique (surtout la natation qui est bonne pour la mobilité des intestins). Il peut être utile de lui donner (avec suivi médical) de la vitamine C en supplément, des bains de sels d’Epsom, de l\’aloès, des tisanes, des massages aux huiles, des bouillotes et tout ce qui semble faire du bien à votre enfant…Il faut surtout éviter les aliments transformés (OGM, pesticides, viandes nourries au grain, poissons d\’élevage, conservateurs, colorants, etc.) qui allourdissent l\’organisme. Il est intéressant de donner des protéines le matin (œufs, lentilles, graines de chia, noix, beurre d\’amande) afin de bien commencer la journée. Adopter une alimentation variée et naturelle fera déjà une grande différence à long terme dans son comportement.

Pour certains, cela nécessite un accompagnement professionnel pour éviter les FODMAPS (aliments irritants pour les personnes au colon irritable), le gluten, la caséine, parfois le soya, le maïs et les œufs, les sucres et les aliments gras. Si vous soupçonnez des douleurs abdominales, essayez une dose d’ibuprofène (10mg) pendant quelques jours. Si le comportement s’améliore, c’est que les crises de l’enfant sont liées à sa douleur et qu’il faut donc changer son alimentation (cependant, il peut y avoir un problème intestinal sans douleur).

Quelques aliments qui permettent de réduire l’inflammation et de rétablir la fonction intestinale : les avocats, les huiles de poisson, les graines de lin, les noix et autres acides gras oméga-3, le gingembre, le curcuma.

Attention : Il faut enlever ou ajouter un aliment ou un nutriment à la fois pendant quelques semaines pour observer les effets et être sûr que cela est lié à cet aliment précis. N’oubliez pas que chaque enfant est unique et a ses propres besoins ! Ce qui marche pour l’un ne marche pas nécessairement pour un autre. Les enfants ont tendance à être fortement attirés par ce qui leur est personnellement néfaste : sucre, gras, un aliment en particulier, etc. Lorsque vous lui retirerez un aliment qui irrite son intestin, il se peut que son comportement empire pendant quelque temps; c\’est normal, il s\’agit d\’un phénomène de sevrage. Vous constaterez une nette amélioration quelques semaines après.

Quelques conseils pour changer l’alimentation de l’enfant sans qu’il refuse de manger : changer l’apparence des aliments (ex : couper, broyer, mixer les aliments), les mélanger, ajouter des saveurs et textures que l’enfant aime (épices, noix, graines, huile d’olive, de coco, de noisette, etc.), remplacer par des aliments similaires (ex : lait d’amande, lait de coco, farine de kamut, de riz ou autre sans gluten), substituer les aliments qu’il n’aime pas par d’autres ayant les mêmes propriétés (ex : protéines végétales au lieu d’animales, aller chercher d’autres sources de fibres), si l’enfant aime le sucre : trouver des aliments naturellement sucrés : compote maison, miel, sirop d’érable, beurre d’amande, chocolat noir, etc. C’est l’occasion d’être créatif!

Autres causes à considérer (consulter un avis médical) : parasites intestinaux (influencent entre autres l’appétit et l’irritabilité), infection aux levures, maladies chroniques et infections bactériennes comme les PANDAS/PANS (touchent 1 enfant sur 200) : symptômes de TOCS, tics, agitation, agressivité, anxiété, TDAH, automutilation, anxiété de séparation, troubles du sommeil, troubles urinaires, maladresse, signes : langue framboisées et ongles fendus/décolorés.

4. Éléments importants à retenir 

  • Pour favoriser le confort intestinal de l’enfant et donc son bien-être et son bon fonctionnement dans la vie quotidienne : sommeil adéquat, bonne élimination (transpiration et selles), relaxation (respiration, détente, méditation, yoga), massages, sport, alimentation équilibrée (variée avec des légumes, des protéines et des compléments si nécessaire) et adaptée (diète), réduction du stress (autant chez les parents que chez les enfants car ils sont comme des éponges et absorbent toutes les émotions !).
  • N’oubliez pas de changer une chose à la fois. Si cela vous paraît comme une montagne, voyez cela comme un défi, une nouvelle expérience. Ne vous découragez pas, toute évolution se fait pas à pas, cela prend de la patience. Chaque minuscule pas compte et vous finirez par trouver ce qui améliore le comportement de votre enfant, il sera ainsi plus disponible aux interventions. Et n’oubliez pas que vous faites déjà beaucoup pour votre enfant rien qu’en lui donnant de l’amour! Pour finir, prenez soin de vous, cela se répercutera aussi sur son bien-être.

Résumé par Monalisa Didier, d’après : O’Hara, N. (2016, novembre). Voir au-delà des comportements d’automutilation et d’agression chez les personnes présentant un trouble du spectre de l’autisme : quand devrions-nous envisager la présence de problèmes médicaux? Communication présentée par Autisme Montréal, Montréal, Québec.

Pour plus d’informations :

Liens sur les diètes : http://autisme-montreal.com/liens/biomedical/ ; http://autisme-montreal.com/liens/diete/

Autres références sur le entre lien flore intestinale et autisme: https://www.pressesante.com/autisme-bacteries-intestinales-cause/ ; http://www.portail-sante-holistique.com/relation-entre-autisme-desequilibre-microbiote/  ; http://www.quebecscience.qc.ca/Sante/De-bonnes-bacteries-pour-traiter-l-autisme/

Vidéo de Nancy O’Hara résumant cette approche : https://www.youtube.com/watch?v=IJe9ZqEmumw

Site de Nancy O’Hara : http://ihealthnow.org/index.html

Groupe Facebook : \ »TROUBLES DE DÉVELOPPEMENT – PRISES EN CHARGES ÉDUCATIVES ET BIOMÉDICALES\ »

1 réflexion sur “Réduire les comportements problématiques à l\’aide de la nutrition”

  1. Trés bonne approche!
    On sous-estime vraiment l’influence de l’alimentaTion!
    Et lon n’inculque pas assez la notion de nutrition aux enfants
    Tout doit passer par le plaisir, et c’est pourquoi nous avons souvent tendance a choisir des menus qui ne sont liés qu’au plaisir de l’enfant sans penser que nous pouvons participer ou augmenter son mal être..
    on oublie la vraie raison du pourquoi nous avons besoin de manger..
    Il est primordial de prendre conscience que nous mangeons car notre organisme a besoin de nutriments
    A partir de la , cette conscience va nous porter vers les bons aliments..
    Ton article met le doigt sur un problème qui me parait essentiel!
    Cela mériterait d’y consacrer un livre!!! Je veux bien te sponsoriser et m’occuper de l’édition!!!!

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