Dans le cadre de mon DESS en intervention comportementale auprès des personnes avec un TSA, j’ai dû effectuer un stage dans un milieu d’intervention avec cette clientèle. J’ai alors choisi le Programme Caribou, et je souhaite parler aujourd\’hui de son approche globale et de la diversité des interventions qu’il propose.
Fonctionnement
Le Programme Caribou est un organisme à but non lucratif qui accueille des enfants de 2 à 6 ans avec un TSA ou une suspicion de TSA. Il s’agit d’un établissement de jour où les enfants peuvent être admis en matinée, en après-midi ou toute la journée, du lundi au vendredi. Il fonctionne donc comme une garderie ; les parents les déposent le matin et viennent les chercher en fin d’après-midi. Durant la journée, les enfants bénéficient d’une stimulation intensive de la part des thérapeutes. Ils sont encouragés à développer leurs habiletés sociales, langagières, mais aussi à développer leur jeu individuel et social.
L’objectif principal du Programme Caribou est donc de faire évoluer les enfants dès leur plus jeune âge et de développer leur plein potentiel à travers des activités de jeu libre en groupe. Le but est aussi de préparer les enfants d’âge préscolaire à une éventuelle entrée à l’école. Ainsi, la routine de la journée permet d’aborder tous les aspects de la vie de l’enfant pouvant être problématiques comme les transitions, l’autonomie ou les demandes.
Pour cela, diverses approches sont utilisées pour répondre aux besoins spécifiques de chaque enfant : le modèle TEACCH (Treatment and Education of Autistic and related Communication Handicapped Children), l’analyse appliqué du comportement (ABA) pour l’enseignement, le PECS (Picture Exchange Communication System) pour la communication lors de la collation ou du jeu, et le modèle de Denver (ESDM) dans la salle de jeu, ou pour les enfants plus jeunes ou de bas niveau. Le programme s’adapte donc à chaque enfant en fonction de ses besoins et de ses résultats à l’outil d’évaluation PEP-3, il obtient un plan d’interventions avec des objectifs d’enseignements, de communication à l’aide du PECS selon son niveau et des objectifs de jeu et de socialisation dans la salle de jeu.
Le fait que les enfants se retrouvent en groupe (en moyenne 5 à 8 enfants) leur permet d’expérimenter le jeu en parallèle, le partage et le tour de rôle. Le travail des intervenants est alors de les encourager à développer leurs habiletés sociales. C’est aussi leur rôle de les guider dans les jeux selon leurs intérêts pour qu’ils développent leur jeu symbolique. Les thérapeutes utilisent aussi les jouets que les enfants aiment pour les encourager à faire des demandes à l’aide du système PECS.
Chaque enfant a un enseignement par demi-journée en 1-1, qui dure environ 20 à 30 minutes. Plusieurs objectifs sont alors travaillés selon ses difficultés, comme la motricité fine, l’association, l’imitation, la communication, etc. Les renforcements tangibles (jouets, objets) sont privilégiés aux détriment des renforcements alimentaires qui ne sont utilisés que lors de la collation, en contexte naturel. En effet, la nourriture est un puissant renforçateur qui permet aux enfants de faire des demandes de plus en plus complexes suivant les étapes du PECS, qui vont de l’échange d’image à la demande verbale sous forme de phrase. L’enfant a ensuite plusieurs passages en salle de travail seul, ou il effectue des tâches qu’il a apprises en enseignement, Le reste du temps, il passe du temps dans la salle de jeux avec ses pairs et va en collation une fois par demi-journée.
Activités
Les activités de groupe, les activités créatives, la musique et les comptines sont utilisées pour développer le langage et les habiletés sociales. De plus, les activités plus physiques comme la balançoire et le trampoline sont des occasions de développer la communication de l’enfant, selon les principes du modèle de Denver (ESDM). On leur apprend par exemple à faire le signe « encore », lorsqu\’ils ne parlent pas encore.
Tout cela m’a fait constater que d’autres pistes étaient envisageable pour soutenir le développement des enfants ayant un TSA, dans le cadre des thérapies comportementales. Ainsi, le Programme Caribou insiste plus sur la communication et la socialisation que sur les apprentissages préscolaires.
Ce que je préfère dans ce type d’intervention, c’est l’importance des apprentissages en contextes naturel et du jeu qui semblent apporter beaucoup de motivation et de plaisir aux enfants. Cela leur assure un développement progressif tout en respectant leur propre rythme, étant donné que leurs intérêts sont pris en compte. Cela m\’a alors donné envie d\’intégrer ces méthodes dans ma propre intervention auprès des enfants, qui ne sont pas incompatibles avec l\’ABA.
Monalisa Didier