Histoire d\’une prise en charge ABA réussie

\"aaron-burden-60068\"

Autrefois, la plupart des enfants diagnostiqués avec l’équivalent d’un trouble du spectre de l’autisme (TSA) étaient isolés et placés en institution sans aucune perspective d’avenir. Aujourd’hui, leurs spécificités cognitives ont été mises en lumière et leur condition est vue davantage comme une différence plutôt qu’un handicap. Grâce à ces découvertes, des thérapies se sont développées dans le but de les faire évoluer dans leurs apprentissages. C’est à partir des recherches du Docteur Lovaas dans les années soixante que de nouvelles méthodes comportementale ont été mises en place en s’adaptant à leurs particularités. L’Analyse appliquée du comportement (plus communément appelée « ABA » pour Applied Behavior Analysis) est une thérapie qui découle de ses recherches, développée et perfectionnée pendant de longues années. Visant à améliorer les comportements des enfants autistes, elle s’adapte à leur mode de fonctionnement tout en les encourageant à s’adapter progressivement aux nôtres, nous les « neurotypiques ». Ses principaux buts sont de résoudre certaines difficultés fondamentales tout en permettant la progression des apprentissages des enfants, car le quotidien des enfants autistes et de leur famille est souvent agité. L’objectif des intervenant(e)s est d’obtenir des résultats à long terme afin que leur vie de tous les jours soit plus fonctionnelle. 

Mon expérience

Lorsque j’ai découvert la thérapie ABA, qui se base globalement sur l’encouragement des « bons » comportements et l’éloignement des « mauvais » comportements à l’aide d’un système de récompense, j’étais plutôt sceptique. Le fait de donner des récompenses à l’enfant comme on le fait avec un animal et de le guider vers des comportements convenables pour le rendre plus conforme aux enfants de son âge avait plutôt tendance à me rebuter. Mais en allant y voir de plus près, je me suis aperçue que cette méthode obtient des résultats significatifs chez les enfants autistes (H.A. de santé, 2012). Mais j’ai surtout découvert qu’il ne s’agit pas d’une histoire de normalisation des enfants, mais de développer leurs apprentissages à travers la relation sociale.

En entendant parler de cette thérapie, j’ai donc eu envie de m\’y former et d\’en faire ma première expérience professionnelle. J’ai alors débuté auprès d\’un enfant de six ans, qui parlait très peu et ne jouait presque pas. Il faisait fréquemment des crises et avait des difficultés à rester concentré. Lorsque je viens pour la première fois, au début du mois d’août, il n’a pas suivi de thérapie depuis le début de l’été, et en a bénéficié pendant quelques mois avant cela. Il me dit bonjour avec l’incitation de sa maman, et me regarde attentivement. C’est un enfant qui travaille de façon très appliquée, et qui suit facilement les consignes selon elle. En effet, lorsque la thérapie commence, je le trouve consciencieux. Il a une bonne mémoire et comprend vite les consignes. Le problème reste son manque d’attention et de communication, qui occasionnent des troubles du comportement. Il a aussi un certain retard à rattraper dans ses apprentissages scolaires.

Evolution de l\’enfant

Très vite, à travers les séances, une certaine routine s’installe. Lorsqu’il me voit arriver, sa maman lui dit de me dire bonjour. Après quelques mois, il me le dit tout seul sans incitation. Avant de travailler, je lui rappelle ce que nous allons faire, en utilisant des pictogrammes pour illustrer chaque étape, et cela semble le rassurer d’avoir un support visuel. À chaque séance, nous alternons entre le travail et le jeu, avec une pause au milieu des deux heures. À ce moment-là, nous allons dehors et cela lui permet de se défouler. Il me rappelle souvent qu’après le travail nous allons aller dehors et cela le motive à travailler. Ainsi, malgré les températures glaciales de l’hiver québécois, nous sortons à chaque séance dans la cour de son immeuble, ballon sous le bras, sans oublier les clefs, pour lesquelles il a une passion. L’ordre des tâches est alterné à chaque séance pour l’habituer au changement, même si un certain cadre est conservé pour ne pas trop le perturber. Les programmes sont diversifiés et vont de l’apprentissage des lettres aux tâches de motricité fine. Après chaque travail, il peut choisir un jeu qu’il aime. J’essaie de lui montrer les possibilités qui s’offrent à lui avec les différents jeux pour élargir ses intérêts. Il aime aussi beaucoup la musique, et lorsqu’il a bien travaillé il peut écouter ses chansons préférées. On en profite aussi pour travailler la motricité globale en dansant. 

Au fil des mois, je peux constater qu’il diversifie progressivement ses intérêts. Il peut maintenant s’occuper de façon plus autonome et autrement qu’en sautant dans la maison. Il joue maintenant à des jeux de construction, à la pâte à modeler, et s\’amuse même avec moi sur des jeux de collaboration. Il attend patiemment son tour de rôle. Au niveau de son comportement, il a fait des progrès significatifs ; il se concentre plus longtemps et fait preuve de patience, maintenant qu’il comprend mieux la notion du temps grâce aux pictogrammes. Avant qu’il ne commence la thérapie ABA, selon sa maman il n’était pas possible de sortir faire des courses avec lui. Il ne tenait pas en place et cela se transformait vite en crise.  Il a aussi beaucoup amélioré son langage, alors qu\’il s\’exprimait à l\’aide d\’un seul mot. Aujourd’hui, il fait de courtes phrases et exprime certains désirs et intentions. Je lui ai appris à me dire lorsqu’il allait au toilettes ou chercher de l’eau au lieu de quitter la pièce en courant, ou à demander de l’aide pour quelque chose. Ce sont des paroles toutes simples mais qui changent beaucoup son quotidien. Il répond à des questions simples, commence même à me poser des questions, en évoquant mon prénom. 

Richesses de l’intervention

Avec le temps, je trouve qu’il s’est établi un lien de confiance entre nous, grâce aux échanges et au jeux que nous pratiquons. Mes encouragement semblent l\’aider à persévérer, car il y est très réceptif. Peu à peu, la motivation qui venait des récompenses devient de plus en plus intrinsèque ; il développe des intérêts semble plus confiant. Cette thérapie lui fait expérimenter le plaisir de communiquer et de rire. Puis, à force de travailler sur sa flexibilité, il finit par apprécier la nouveauté et s’intéresser de plus en plus aux choses extérieures plutôt qu\’à ses sensations physiques. Petit à petit, il apprend donc à se concentrer sur une tâche et à remettre ses désirs à plus tard. Cependant, cela n’a pas été simple ; il s’agit d’un apprentissage progressif et cela demande beaucoup de patience. Il faut accepter que parfois la séance soit moins productive et que l’enfant soit plus fatigué que d’habitude. Ce travail demande aussi de la créativité pour intéresser l’enfant et contourner les blocages qu’il peut avoir dans ses apprentissages. Il s’agit de s’adapter tout le temps à son état et à ses difficultés afin de l’emmener vers ses objectif.

Finalement, la thérapie d\’approche ABA peut être riche d\’enseignements, si elle s\’adapte à l\’âge et aux besoins de l\’enfant. En effet, cet enfant avait 6 ans au début de la thérapie, donc l\’âge d\’être en mesure de s\’assoir et de \ »travailler\ », même si le jeu a beaucoup été utilisé pour stimuler les apprentissages. Elle permet aussi de travailler indirectement sur les habiletés sociales, le jeu et le langage à travers le développement d\’un lien thérapeutique avec l\’enfant.

Monalisa Didier

Référence :

de Santé, H. A. (2012). Autisme et autres troubles envahissants du développement: interventions éducatives et thérapeutiques coordonnées chez l’enfant et l’adolescent. Mars.

1 réflexion sur “Histoire d\’une prise en charge ABA réussie”

  1. Ping : 10 étapes pour aider son enfant TSA – ALLO parents TSA

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *